LE CONGO N'EST PAS A VENDRE !
Crédits vertigineux, promesses d'investissements, chantiers pharaoniques... Pour garantir son accès aux matières premières, la Chine n'hésite pas à courtiser les dirigeants des pays africains.Loin du regard occidental, Pékin propose à l'ensemble des dirigeants présents des investissements massifs contre des matières premières. Pour vaincre les résistances éventuelles, les Chinois brandissent les principes de non-ingérence et multiplient les marques de respect à l'égard de leurs hôtes. La Chine a ainsi promis d'investir 20 millards de $ en 3 ans et de faire passer le commerce bilatéral de 50 à 100 milliards de $ avant 2010 !
Implantation ou exploitation ?
Depuis quelques années, la présence chinoise s'intensifie partout en Afrique. Comme en RDC, détruite par les guerres civiles de 1992 et 1997. Dans ce pays qui abrite la deuxième forêt au monde après l'Amazonie, et riche en bois, en pétrole et en minerai, tout est à reconstruire. Les compagnies pétrolières occidentales y sont bien implantées et donc pas faciles à déloger. Alors, les entreprises chinoises, encouragées par les tournées africaines de leur Premier ministre, occupent le terrain là où elles le peuvent. Routes, barrages ou immeubles, réseaux d'eau... A Brazzaville ou ailleurs, les constructions et les infrastructures portent la signature chinoise. Au grand dam des ouvriers congolais, qui supportent difficilement le mépris des Asiatiques : « Ils paient mal les ouvriers. La somme journalière, c'est 2000 francs CFA (3 €), il n'y a rien qui reste. Avec les Belges ou les Anglais, j'avais un contrat indéterminé, alors j'avais toutes les garanties du monde, disons. Pour moi, les Chinois sont bizarres, mais on est contraints de bosser avec eux... et puis on nous injurie parfois, on est humiliés, on nous considère vraiment comme des singes... » Si Jessica et les siens semblent bien intégrés au Congo et respectent les lois locales, tel n'est pas le cas de tout le monde.
Une omniprésence gênante et discutable. Des ONG se battent au quotidien pour la préservation de la nature « les sociétés chinoises sont pires que les américaines ou européennes.Les pêcheurs congolais dénoncent la pêche intensive pratiquée par les chalutiers asiatiques : «Il faut quand même laisser le temps au poisson de se reproduire. Les Chinois, ils sont venus simplement pour tout détruire et repartir chez eux. Ils sont venus nous appauvrir.» Marcel Mounea, chef d'entreprise, n'est pas loin de partager les craintes de ses concitoyens, même s'il entretient des échanges commerciaux avec Pékin : «L'Afrique se dirige vers celui qui lui tend la main — et actuellement c'est la politique de la Chine — mais reste à savoir si cette main est noble ou pas. Je ne connais pas leurs intentions, mais je me dis qu'il faut qu'on fasse très attention. On a fait des erreurs au départ avec les Occidentaux, on ne veut pas les refaire avec la Chine.»