Avec son premier album, Tropiques, Maissiat crée un univers musical aux frontières de l'intime et du grand large. Une singularité qui vaut à la chanteuse de se voir décerner le prix Barbara 2013. Une récompense pour des jeunes artistes mettant à l'honneur la langue française. Interview.
Maissiat, c'est votre nom?
Mon nom de famille et mon nom de scène, oui. C'est à la fois ce nom qui m'identifie et qui sonne bien, court et juste comme doit l'être une chanson. C'est pour ça que je l'ai choisi.
Comme vous avez choisi d'être chanteuse depuis l'enfance?
Depuis toute petite, oui, mais il m'a fallu très longtemps pour parvenir à cela. Je viens d'un environnement familial où la musique, l'art en général n'étaient pas très présents. J'ai voulu inventer dans ma vie cette « petite musique » pour reprendre le mot de Françoise Sagan, c'est-à-dire, à suivre ce fil, ce désir : mettre en mots et en musique des petites histoires, des moments que j'ai vécu. C'est ce qui m'a demandé le plus de travail, en somme, tenir et persister dans cette conviction.
Tropiques votre premier album retrace un parcours intime?
On met toujours tout dans le premier album, des histoires qui nous tiennent à cœur depuis le début. Mais il dessine aussi une ligne que j'essaie de tracer. Trouver un rythme, une palette de couleurs musicales larges : le piano chant qui implique une sonorité douce , parfois mélancolique, ou bien un ensemble plus tribal, rock ou électro. L'envie, c'est de s'affranchir des limites, de mélanger les genres. C'est aussi ce qui m'a paru évident en choisissant le titre d'une de mes chansons pour l'album, Tropiques. Aller voir ailleurs, créer un espace-temps le plus large possible, même si le centre, c'est soi, et ce que l'on ressent.
Aurélie Filippetti vous remet le prix Barbara. Qu'est-ce que vous ça vous inspire?
C'est un moment très réjouissant, léger, joyeux qui récompense le travail d'un premier album et lance l'écriture du second. La chanson incarnait tout pour Barbara. Son registre était celui de l'intime. Mais Barbara savait y mêler une grande délicatesse. Barbara, Véronique Sanson, Françoise Hardy, Gainsbourg, Bashung, Higelin, Étienne Daho sont les chanteurs qui m'inspirent. La chanson, c'est ce moment d'écriture où l'on s’enferme dans sa chambre comme un enfant avec ses images et ses mots, puis, c'est aussi le moment d'aller les porter sur scène, dans une rencontre avec le public, les laisser vivre, s'échapper, s'incarner là aussi, comme une matière vivante, toujours en mouvement.