Léo Ferré a toujours eu une sympathie, une tendresse toute particulière pour les artistes maudits, souvent seuls et incompris : Beethoven,Van Gogh mais aussi Rutebeuf, Baudelaire et bien sur Verlaine et Rimbaud...
Déjà à 14 ans, il parait qu'il aurait écrit une mélodie sur « soleils couchants » de Verlaine !
Plus tard on lui demande d'écrire la préface pour « les poèmes saturniens » pour l'édition 1961 en livre de poche
Et trois ans plus tard il sort un double album consacré à Verlaine et Rimbaud qui est un pur chef d'œuvre, un de ces disques proprement miraculeux qu'on n'a plus envie de quitter une fois qu'on l'a écouté et qu'on aimerait emmener sur une île déserte !
Ferré a enveloppé chacun des poèmes dans un somptueux écrin grâce à sa musique ou il restitue très bien toute la musicalité des vers Les arrangements très réussis sont de Jean-Michel Dufaye
J'ai choisi pour commencer « soleils couchants » dont le poème est extrait de la troisième partie des « Poèmes saturniens » intituléé « paysages tristes »
Il s'agit du premier recueil de poèmes de "Pauvre Lelian" (anagramme de Verlaine) édité en 1866 alors qu'il avait 22 ans
Dans « soleils couchants », Il s'agit d'un paysage rêvé, reflêt d'un état d'âme du poète livré à lui-même Ferré a écrit une musique apaisante en forme de berceuse qui restitue très bien l'ambiance de douce mélancolie, de rêve mais aussi d'angoisse qui se transforme vite en cauchemar halluciné
Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon cœur qui s´oublie
Aux soleils couchants.
Et d´étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants, sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
A de grands soleils
Couchants sur les grèves.