Les images de protestation sont devenues familières au Venezuela.
Voilà plus d’un mois que la tension sociale s’exprime jour après jour dans la rue, dégénèrant parfois : des échauffourées ont fait près de 30 morts à Caracas le 12 février dernier.
Des violences d’autant plus inquiétantes que le mouvement lancé début février par des étudiants dénonçait alors la hausse de la criminalité, dans un pays qui enregistrait 25 000 homicides en 2013 – soit environ 68 homicides par jour.
Depuis début février, le mouvement s’est élargi à une partie de l’opposition et les revendications se sont étendues. Les manifestants réclament aussi des changements politiques, et la fin de l’inflation et des pénuries.
L’année dernière, la hausse des prix a atteint 56%. Les produits de premières nécessité et les médicaments sont devenus rares. Le Venezuela, qui dispose d’une des plus grandes réserves de pétrole au monde, importe presque tout.
Les scènes de files d’attente interminables se sont multipliées devant les échoppes.
“Je fais la queue depuis une heure et il n’y a plus de café ni de papier toilette”, explique une habitante de Caracas.”
“Il n’y a pas de café, pas de farine, pas d’huile, pas de beurre, pas de céréales, renchérit un consommateur, ce sont les produits alimentaire de base qui nous manquent surtout.”
Le chef de l’Etat Nicolas Maduro, a été élu en avril 2013 après la mort d’Hugo Chavez. Auto-proclamé “président des travailleurs”, ce chauffeur de bus, syndicaliste, a perpétué la doctrine souverainiste et anti-impérialiste de son prédecesseur.
Si le chavisme a permis une meilleure redistribution de la rente pétrolière aux profit des catégories sociales défavorisées, les conditions de vie pour la majorité des Vénézuéliens ont toutefois empiré.
Maduro dénonce une «guerre économique» soutenue par Washington.
Mais selon ses détracteurs, il paie les pots cassés d’un système économique défaillant. Le contrôle des prix, des changes, ainsi que les nationalistations ont étouffé le secteur privé et rebuté les investisseurs étrangers.
Les protestations vénézueliennes sont nées sur les campus universitaires et se propagent à travers les réseaux sociaux, des ingrédients qui dans d’autres parties du monde ont pu conduire à faire vaciller un régime.
La Constitution du Venezuela prévoit qu’un président en exercice peut être destitué de façon démocratique, à mi-mandat, et ce en vertu d’un processus de référendum dérogatoire.