Alvin Lucier: Nothing is Real (Strawberry Fields Forever) Le port du casque est vivement conseillé pour entendre les harmoniques.
L'oeuvre est en deux parties: des fragments de la chanson des Beatles "Strawberry Fields Forever", sont joués au piano, avec la pédale sostenuto de façon à faire perdurer les sons et à développer les harmoniques; sont répétés sur différentes octaves et plus ou moins fort. Ils sont enregistrés. Au départ, on ne comprend pas pourquoi il n'y a que des petits morceaux, des lambeaux, qui ne prennent leur sens que dans la deuxième partie. Les images sont en cercle fermées aussi... Cela prend tout son sens quand la bande enregistrée précédemment est diffusée dans la théière (ce qui m'amuse beaucoup: "théière amplifiée" - il fallait le trouver), la bande son du début en elle-même ne parait pas très intéressante, et difficile à suivre avec tous ses silences.
L'oeuvre est proche des compositions de John Cage, qui sont aussi des performances, des mises en scène: le pianiste enregistre les petits morceaux, puis il s'arrête, se lève, met en route l'enregistrement qui est diffusé dans la théière où se trouve aussi un micro qui sort le son à l'extérieur par l'intermédiaire d'un haut-parleur (d'où le terme de "théière amplifiée"), et il "joue" avec l'ouverture du couvercle, qui permet aux harmoniques enregistrées précédemment de se développer complètement différemment (Cf. l'ouverture "cosmique" sur la nébuleuse rouge). Je me demande comment on peut appeler un joueur de théière... le "macrocosme" du piano se retrouve ainsi dans le microcosme de la théière... .
Dans ma vidéo, j'ai utilisé des photographies personnelles, mais aussi des reproductions d'estampes d'Hokusai et d'Hiroshige "images du monde flottant" dans le sens bouddhique du terme: il n'y a de permanent que l'Impermanence, et des photographies du cosmos: ainsi, le Tout est dans le Tout, tout est évanescent. Rien n'est réel. Nothing is Real. L'Univers tourne dans ma tasse de thé. CQFD