Dieu et César
Le climat se fait de plus en plus tendu entre Jésus et ses détracteurs à me-sure que nous approchons de la Passion. Nous sommes à Jérusalem et dans quelques jours, Jésus mourra sur la croix. Dans la parabole des vignerons homicides, entendue il y a deux semaines, les Pharisiens et les grands prêtres cherchaient déjà à arrêter Jésus mais ils avaient peur des foules car elles le prenaient pour un prophète (cf. Mt 21, 46).
Le piège tendu ici par les Pharisiens et les partisans d'Hérode est très habile. Il semblerait qu'ils aient trouvé le moyen de détourner la foule de Jésus en lui demandant : « Est-il permis ou non de payer l'impôt à César ? » Si Jésus répond oui, cela signifie qu'il approuve l'occupation romaine et qu'il est donc un impos-teur en se prétendant le Messie, celui qui est envoyé par Dieu pour libérer son peuple. Mais s'il répond non, les Pharisiens et les hérodiens auront alors un argument de poids pour accuser Jésus devant les autorités romaines.
Si Jésus démasque tout de suite l'hypocrisie de ses interlocuteurs, il accepte pourtant le dialogue. Il ne se dérobe pas. Il aurait pu ne rien répondre. Mais il veut continuer à croire, coûte que coûte, à la possibilité de conversion de l'homme, même le plus hypocrite. Et il leur donne alors cette réponse percu-tante : « Rendez-donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Mt 22, 21)
Dieu a le première place dans nos vies. Nous lui offrons le tribut de nos priè-res et de notre amour. Et au nom de cet amour, nous devons nous assurer que César n’empiète pas sur le domaine de Dieu. Mais c’est aussi une façon d'hono-rer Dieu que de rendre à César ce qui lui revient. En faisant cela, nous obéissons à la parole de Jésus. Nous pouvons contester le fonctionnement de l’Education nationale, ou de toute autre institution, lorsqu’elle sort de son domaine de compétence ; nous pouvons critiquer l’exercice de l’autorité exercée par tel ou tel responsable politique, mais n’en oublions pas la noblesse de la mission confiée à César : assurer le bien commun de tous. Les papes successifs ne ces-sent de rappeler combien il est capital que les chrétiens s’engagent en politique et s’estiment solidaires de l’action publique. Que Dieu aide chacun dans sa mission !
Philippe Hebert