L’œuvre et son histoire :
- Guernica est une œuvre majeure du XXe siècle. Elle évoque un épisode sanglant de la guerre civile espagnole, le bombardement le 26 avril 1937 de la ville basque de Guernica par l’armée nazie et les forces du régime fasciste italien soutenant le général Franco. Très rapidement le bombardement, qui entraîne la mort de nombreux civils écrasés sous les décombres ou brûlés par les bombes incendiaires, soulève de vives réactions médiatiques dans le monde.
- L’artiste espagnol Pablo Picasso (1881-1973) s’empare du sujet et réalise ce tableau comme « une arme de guerre, offensif et défensif, contre l’ennemi ». Ses dimensions monumentales (7,80 x 3,50 m) et les symboles (cheval blessé-la douleur, taureau-la brutalité) inscrivent l’œuvre dans la tradition de la Grande peinture Historique. La ligne cubiste, la déformation des corps, l’évacuation des couleurs accentuent la violence de l’événement représenté.
- Réalisée à Paris, l’œuvre est présentée pour la première fois au pavillon espagnol de l'Exposition Internationale de Paris de 1937 et devient un plaidoyer contre la guerre et la violence (reproduction exposée au conseil des Nations Unies à New York).
L’œuvre, conservée pendant toute la dictature franquiste aux États-Unis, a été transférée en 1981 en Espagne. Elle est visible depuis 1992 au Musée Reina Sofía à Madrid.
La démarche de la Direction Territoriale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (DTPJJ) :
L’œuvre a été le point de départ d’un travail de 5 ans autour des différentes expressions de la violence :
- 2011, l’idée de cette toile est née dans la tête de G., un jeune de l’UEHC d’Arras ;
- 2012, construction du projet avec les éducateurs, à l’initiative d’Alice Cardon (éducatrice à l'UEHC d'Arras) ;
- 2013/2014 : Réalisation (30 jeunes, 14 éducateurs, 400h de travail, 10 litres de peinture, 78 m2 de bois) ;
- 2015 : des débats sont organisés autour du tableau sur le thème de la violence
- 2016 : Exposition à l’ENPJJ (Ecole Nationale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse)
- 2017 : Exposition au TGI d’Arras puis au Musée des Beaux-Arts d’Arras
La question de l’absence de recours à la violence est le leitmotiv du travail des éducateurs de la PJJ. Le but pédagogique du projet a été d’utiliser le travail et la pensée de l’artiste afin de faire évoluer les pensées sur des questions telles que : Pourquoi la violence ? Comment la réguler ? Comment gérer ses émotions ? Comment résoudre un conflit de façon non violente ? La douleur d’une mère tenant son enfant, la détresse d’un soldat qui agonise… Chacun a pu s’identifier à un personnage du tableau jusqu’à cette phrase entendue en atelier : « Guernica, on aurait pu l’appeler le Bataclan alors… ».