Anders ZORN un Documentaire de Valerio Truffa

Valerio Truffa 2018-03-26

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Dalarö, île située dans l'archipel de Stockholm, est à la fin du XIXe siècle davantage qu'une station balnéaire à la mode pour le peintre suédois Anders Zorn. Entre 1881 et 1895, il y séjourne à onze reprises, et c'est là qu'il invente un genre révolutionnaire : le nu féminin intégral en plein air.

Ne cherchez pas, aucun des contemporains d’Anders Zorn (pas même un Impressionniste) n’osa peindre la femme complètement nue sous le soleil. Zorn (1860-1920) est le premier, après une formation à l’Académie royale des beaux-arts de Stockholm et quelques échappées belles à l’étranger. Jusqu’à la découverte de Dalarö en 1881, le modèle féminin idéalisé s’impose donc à Zorn : La Grande Odalisque (1814) de Jean-Auguste Ingres, la Femme piquée par un serpent (1847) du sculpteur Jean-Baptiste Clésinger, ou La Perle et la Vague (1862) de Paul Baudry. Les Baigneuses (1853) de Gustave Courbet sont encore trop habillées. Et l’impression de plein air dans Le Déjeuner sur l’herbe (1863) d’Édouard Manet est un leurre. Olympia (1863), du même, est un nu réalisé en atelier. À Paris, en 1887, Auguste Renoir expose des Baigneuses (1884-1887, Philadelphia Museum of Art) à la galerie Georges Petit, mais, de l’aveu même du peintre français, il ne s’agit là que d’un « essai de peinture décorative. »
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le nu comme mode de représentation moderne ne dit rien alors, ou presque, des aspirations démocratiques de la société, de la femme surtout. Pourtant, bien avant l’âge d’or du cinéma suédois avec, entre autres, le réalisateur Arne Mattsson et son film Elle n’a dansé qu’un seul été (1951) – et plus tard Ingmar Bergman (Monika, 1953) –, Anders Zorn s’empare du sujet, jusqu’à sa mort, en 1920, à Mora, en Dalécarlie. Ce que la rétrospective Zorn au Petit Palais n’explique pas (ni aucun essai du catalogue de l’exposition), c’est la manière dont le Suédois va s’approprier le nu féminin pleinairiste, et comment il va le faire évoluer autour de 1900 vers le vitalisme, esthétique moderniste axée sur la culture du corps (pour se faire une idée, l’internaute peut consulter une œuvre emblématique de Zorn sur le site de la Nationalgalleriet d’Oslo : Dans l’archipel, 1894).

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