Larry Davidson, professeur de psychiatrie, université Yale à New Haven
Soutien par les pairs en santé mentale : utiliser l'expérience vécue pour promouvoir le rétablissement
Bien que ses racines se trouvent dans le Siècle des Lumières en France, le soutien par les pairs des personnes souffrant de maladies mentales graves s'est rapidement développé aux États-Unis et ailleurs, depuis le début des années 1990.
Cet exposé décrira les façons dont les personnes atteintes de maladies mentales capitalisent leur propre expérience de rétablissement en une forme d'expertise très utile, qui semble particulièrement efficace pour inciter les autres personnes malades à prendre soin de leur santé mentale et pour favoriser leur autonomie et la réhabilitation d'une vie pleine de sens dans les environnements de leur choix.
Après avoir présenté une partie de la recherche qui a établi cette forme de soutien par les pairs comme une « pratique fondée sur des preuves », nous décrirons comment les pairs-aidants utilisent des éléments de leur propre expérience pour établir des relations de confiance avec les personnes qu’elles accompagnent. Nous analyserons quels conditions et facteurs individuels, organisationnels et systémiques permettent ou entravent le développement du soutien par les pairs sous la forme d’une profession émergente et crédible.
Qu’est-ce que le soutien par les pairs ?
Né des pratiques de support mutuel, de la philosophie du self-help promu par les mouvements d’usagers de santé mentale, la pair-aidance implique une personne qui est rétablie ou en cours de rétablissement d’une maladie mentale et qui apporte son soutien à une personne qui n’est pas aussi avancée dans le processus de rétablissement. Initialement, ce soutien était apporté dans un cadre d’échange mutuel et réciproque comme sur le modèle des réunions des Alcooliques anonymes (AA). Au fur et à mesure que cette pratique se révélait probante, les agences de santé mentale on commencé dans les années 1990 à proposer ce type d’aide dans une forme plus personnalisée, un peu sur le modèle du parrainage chez les AA. D’abord proposées bénévolement, ces actions de soutien ont évolué vers une nouvelle profession, rémunérée. À ce jour, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été formées et délivrent ce type d’accompagnement dans les pays anglo-saxons, constituant une nouvelle composante des services de santé mentale.