Le maire de Meaux Jean-François Copé signe, avec l’essayiste Laurent Alexandre, «L’IA va-t-elle aussi tuer la démocratie ?» aux éditions JC Lattès. Doit-on comprendre qu’elle a déjà tué des pans entiers de notre économie ? «Oui, bien sûr, répond l’ancien ministre. L’intelligence artificielle c’est des potentialités extraordinaires dans beaucoup de domaines mais c’est aussi, comme tout processus de destruction créatrice, des éléments qui vont détruire encore des emplois et modifier la vie».
Mais l’IA peut-elle être une chance pour la France et l’Europe ? Optimiste, Jean-François Copé considère que «l’on peut faire de ce projet un véritable sujet s’il y a une prise de conscience. Le problème, c’est qu’on ne saisit pas cette opportunité extraordinaire». Et de regretter que «l’IA soit absente du débat public. Même monsieur Macron, dans sa lettre aux Français, n’évoque pas ce sujet».
La France et l’Europe sont-elles déjà distancées dans cette course à l’innovation mondiale face aux GAFAM ? «Mon point de vue, c’est qu’on peut récupérer le train même si on a pris du retard. Nous pouvons profiter des erreurs commises pour passer à l’étape suivante». Comment ? «On ne fera pas les GAFAM de demain mais on a un outil extraordinaire : nos opérateurs téléphoniques. Le problème, c’est qu’on en a cent cinq, lorsque les Américains et les Chinois en ont trois. On doit faire ce travail de regroupement et la Commission européenne doit changer», considère-t-il en référence à l’interdiction de cette dernière sur fusion Alstom-Siemens. «Les gouvernements doivent reprendre les choses en main».
Par ailleurs, l’IA nourrit les réseaux sociaux qui font bouger la démocratie. Ceux-là sont-ils une menace pour celle-ci ? «Aujourd’hui les conditions d’exercice de l’action politique sont transformées et vulnérabilisent davantage les démocraties que les dictatures. Nous devons organiser une véritable réplique en sensibilisant davantage l’opinion publique, notamment sur les fakes news».
Or ces outils donnent le sentiment d’être directement en prise avec le pouvoir. Cette démocratie participative détruit-elle la démocratie représentative ? «Absolument, répond l’élu de Seine-et-Marne qui tire la sonnette d’alarme. Les politiques ont perdu la tête en laissant la fonction perdre ainsi de l’importance (...) Car tout cela renforce la pouvoir de l’administration, constate-t-il amèrement». Quant à la réduction du nombre de parlementaires, Jean-François Copé craint un «éloignement croissant entre Paris et la Province (...) Il faut arrêter de succomber à toutes les tentations de mode et assumer que les maires doivent être députés, reprendre en main les choses pour retrouver de la verticalité».