Disparus libanais, le long calvaire des proches : Marie Mansourati - OLJ

L'Orient - Le Jour 2019-02-08

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Depuis des années, elles attendent des nouvelles d'un frère, d'un époux, d'un fils disparu. Quatre femmes témoignent face à la caméra.

17 novembre 1982. Sur les ondes d'une radio locale, résonne un appel, celui lancé par Wadad Halwani. Le mari de cette Libanaise vient d'être enlevé. Wadad sait que son cas n'est pas isolé. Comme elle, des centaines d'hommes et de femmes, dans ce Liban en guerre civile, attendent le retour d'un proche, kidnappé, arrêté, disparu. En ce 17 novembre 1982, Wadad appelle les parents de ces disparus à se rassembler devant le Musée national de Beyrouth, pour exiger le retour de leurs proches.
17 novembre 2012. Trente ans ont passé, et Wadad ne sait toujours pas ce qu'il est advenu de son mari. Alors, une nouvelle fois, elle donne rendez-vous devant le Musée national aux familles de disparus, mais aussi à l'ensemble de la société libanaise.

Près de 300 personnes ont répondu à l'appel de Wadad, présidente du Comité des parents des disparus et des enlevés au Liban, un appel relayé par Solide (Soutien aux Libanais en détention et en exil), et largement médiatisé par l'association Act for the Disappeared.
"L'attente a assez duré, nous voulons savoir", tel était le mot d'ordre de la journée portant sur le sort de plus de 17.000 disparus libanais au Liban, en Syrie et en Israël.
Au programme, trois arrêts symboliques devant des cimetières beyrouthins où l'État libanais a reconnu en 2000 la présence de charniers : le cimetière des Martyrs situé près du Bois des Pins, celui de Tahouita et celui de Mar Mitr, avant un dernier arrêt devant la tente dressée depuis des années par les familles de disparus, place Riad el-Solh, en plein centre de Beyrouth.

Ce jour-là, les proches des disparus ont également discuté du projet de décret sur lequel travaille le ministre de la Justice, Chakib Cortbaoui. Le décret prévoit la formation d'une commission nationale indépendante pour les victimes de disparition forcée. Mais les associations de familles de disparus critiquent le projet, réclament une loi plutôt qu'un décret et s'opposent à l'appellation "disparition forcée". Elles contestent en outre le fait que le dossier des disparus et celui des détenus en Syrie "soient mis dans un même sac".
Parmi les personnes présentes devant le Musée national, le 17 novembre dernier, Mariam, Inaam, Marie et Yousra. Des mères, sœurs ou épouses, qui depuis des années endurent le même calvaire : ne pas savoir. Ne pas savoir si un frère est vivant ou mort, ne pas savoir si un fils est ici ou ailleurs. Des femmes à qui l'on ne donne pas d'informations, pas d'aide, des femmes qui ont été escroquées, et que l'on laisse dans l'incapacité de faire le deuil d'un être aimé. Des femmes qui ne demandent rien d'autres que la vérité.

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