Le projet de loi santé va être présenté mercredi en conseil des ministres. A son sujet, le président de la FHF trouve « étrange de ne pas avoir été consulté. Tout part d’une feuille de route ambitieuse, le discours de Macron de septembre (...) et on voit que dans le travail d’écriture en cours, on revient à un exercice purement technocratique ».
Selon le maire de Fontainebleau, « ce texte ne va rien changer du tout ». Il peine à « voir comment l’articulation de l’ensemble va se faire » et pointe, en toile de fond, « une crise d’organisation du système de santé, une crise des vocations et une crise financière profonde ».
Le président de la République n’a pas inscrit le problème du système de santé dans sa lettre aux Français. Or cela ressort-il des doléances exprimés par ces derniers ? « Il n’y a pas un débat du Président où on ne lui parle pas de santé (...) c’est aujourd’hui une des préoccupations premières des Français ». Et de rappeler que l’on « consacre 200 milliards d’euros à un système qui, selon lui, ne fonctionne plus ».
Par ailleurs Frédéric Valletoux a signé une tribune avec François Baroin, Dominique Bussereau et François Morin. « C’est la première fois qu’élus locaux et hospitaliers disaient, que si on ne va pas vers une territorialisation de notre système de santé. Ce n’était donc pas un sujet politique », se défend le maire de Fontainebleau.
Mais beaucoup de maires prennent-ils la décision de fermer un hôpital ? « J’en connais, tout est une question de pédagogie. Les élus ne sont pas plus idiots que les autres ». Quid des Gilets jaunes qui réclament plus de services publics de proximité ? « Tout est une histoire de balance, on peut fermer des maternités, des blocs où il n’y a plus de chirurgiens mais on peut ouvrir des soins de suite, des consultations de proximité etc. »
Le président de la Fédération hospitalière tire la sonnette d’alarme. « Le système perd de l’argent. 30% des dépenses de santé sont inutiles. On n’a pas besoin de plus d’argent pour la santé mais de mieux dépenser. Réguler la santé, cela veut dire réguler le revenu de certains médecins, réguler les actes, en dérembourser lorsqu’ils sont inutiles par exemple. Et cela demande du courage politique. »
En incitant les hôpitaux à augmenter leur nombre d’actes pour être davantage rémunérés, le système marche-t-il sur la tête ? « Oui, cela doit changer. Or pour réguler, il faut avoir un Etat stratège » répond-il. « On parle de beaucoup de l’hôpital mais ne régule pas la médecine libérale, de ville, les cliniques commerciales. Donc on se concentre sur l’hôpital. Or il n’est pas le seul enfant malade du système de santé, c’est même lui qui subit le plus ses dysfonctionnements ».
«On n’est pas à la hauteur des enjeux », se désole Frédéric Valletoux. Il regrette à nouveau que « la technocratie du ministère d’Agnès Buzyn prenne le dessus (...) alors qu’elle-même disait, il y a quelques mois, qu’il fallait changer de logiciel et repartir de zéro. C’est dangereux. On attend encore des réponses sur la sur-administration du système ». « Un médecin, un hospitalier qui passe 20 % à 25 % de son temps à faire de la paperasserie n’en peut plus (...) toutes ces normes, réglements qui pèsent sur le système on n’en peut plus non plus. Il est où l’effort de simplification ? La folie bureaucratique continue », assène-t-il pour conclure.