C’est la quatrième fois que Carlos Ghosn, l’ex PDG de Renault et Nissan est placé en garde à vue par la police japonaise, dans une enquête fleuve sur des détournements financiers dans l’entreprise japonaise. Cette fois-ci, on lui reproche des abus de confiance aggravés.
En novembre dernier, une première arrestation avait eu lieu, dans une enquête pour de fausses déclarations de revenus aux autorités financières japonaises entre 2010 et 2015 avait créé une onde de choc. Une seconde garde à vue avait eu lieu en 10 décembre 2018, pour des faits similaires mais entre 2015 et 2018. Enfin, une troisième fois, le 21 décembre 2018, Carlos Ghosn avait été arrêté dans une enquête sur un abus de confiance aggravé, en faisant couvrir des pertes réalisées à titre personnel par Nissan.
Il avait alors passé 108 jours en garde à vue, et il en avait été libéré contre une caution de 9 millions de dollars. Cela laissait penser que les autorités avaient terminé leur travail et n’avaient pas besoin de nouveaux éléments.
Et de fait, c’est un nouveau volet que la police financière japonaise explore. Elle soupçonne Carlos Ghosn d’avoir détourné à son profit personnel des fonds destinés à un concessionnaire à Oman. Renault, de son côté, a repéré dans son audit interne, après le départ de Carlos Ghosn, des mouvements de fonds suspects vers le sultanat.
Le déballage n’est donc pas terminé dans les coulisses de Renault. Et c’est un mauvais coup pour Carlos Ghosn, qui avait commencé à organiser sa défense publique depuis qu’il était sorti de prison le 6 mars.
Il venait d’annoncer qu’il tiendrait une conférence de presse le 11 avril pour se défendre. Il va sans doute devoir y renoncer, puisqu’il pourrait de nouveau passer 10 jours en garde à vue. Cela avait été vu comme une provocation par les autorités japonaises qui lui avaient interdit l’accès à internet dans le cadre de sa libération sous caution.
Carlos Ghosn en appelle maintenant au gouvernement français pour le « défendre et préserver ses droits en tant que citoyen » pris dans ce qu’il appelle « un engrenage incroyable ». Pour l’heure, personne ne se bouscule pour le défendre.
Le jour même de cette nouvelle arrestation de Carlos Ghosn, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a assuré sur BFM avoir transmis à la justice de « nouveaux » et « importants éléments » apparus dans l’enquête interne de Renault sur la gouvernance de M. Ghosn, sans plus de précisions.