Parler d’avantages et d’inconvénients lorsque l’on parle de pesticides, je sens que certains vont hurler à la provocation et à l’empoisonnement. Mais on est là, je vous le rappelle, pour ramener de la raison dans ce débat. Non, les pesticides ce n’est pas le mal absolu.
Je vous rappelle une première chose : les pesticides, ça n’existe pas. On parle de dizaines de produits qui ont tous une action spécifique. Parler d’avantage et d’inconvénient, c’est mettre sur la table une notion centrale dans l’évaluation d’une question : celle de la balance bénéfice/risque.
Les risques. Tout les pesticides - et je ne fais ici aucune distinction entre les pesticides naturels et bio et les pesticides de synthèse - sont des principe actifs. Aucun n’est anodin. Tous quels qu’ils soient sont assortis de précautions d’usage. Tous présentent un risque plus ou moins important, plus ou moins grave pour la santé, l’environnement la biodiversité, s’ils sont mal utilisés ou à dose trop importante.
Le produit n’est pas mauvais en lui-même : c’est la dose qui fait le poison. Et ça, ça vaut pour les pesticides comme pour le sel de table, pour l’alcool et même pour l’eau qui tue si l’on en boit trop.
Voilà : à chaque produit, un risque. Alors pourquoi utiliser un produit qui présente un risque… Et bien parce que ce risque est contrebalancé par un bénéfice. Pour qui ?
Je vous vois, les taquins qui répondent « pour les vendeurs de pesticides ». On va essayer d’envisager les choses plus subtilement.
Il y a des bénéfices pour les agriculteurs. Un herbicide sélectif, cela évite que le blé soit mélangé à d’autres plantes qui, elles, ne se mangent pas. Un insecticide, ça évite que les fruits soient mangés par des petites bêtes avant d’être mûrs. Un fongicide, ça évite que les récoltes soient détruites par un champignon. Economiquement, c’est important de ne pas perdre une récolte. L’usage de pesticides a fait beaucoup progresser les rendements à l’hectare.
Est-ce mal ? Non. Cela évite de devoir déforester pour augmenter les surfaces cultivées par exemple.
Mais ça n’est pas le seul bénéfice d’un pesticide. Certains évitent des dégâts sur la santé humaine. Un blé qui serait contaminé avec de l’ergot de seigle, un maïs contaminé par des champignons que l’on appelle les mycotoxines, c’est dangereux et c’est même mortel. Ces mycotoxines, par exemple, touchent près d’un quart du maïs quand on ne le traite pas.
Donc : on arrête de voir la main des lobbies et de Monsanto derrière chaque pesticide et on réfléchit. Quel est le risque, quel est le bénéfice d’un produit. De que côté penche la balance une fois qu’on a tout envisagé. Et seulement là, on se demande si un pesticide doit être utilisé ou pas.
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