La femme qui a partagé, pendant près d’un an et demi, la vie de Nordahl Lelandais, suspect principal dans l’affaire du meurtre de la petite Maëlys, a accepté, pour la première fois, de témoigner devant les caméras de l’émission Envoyé spécial. Elle y dresse le portrait d’un homme violent, imprévisible et sadique.
Son visage est flouté, son prénom modifié mais la voix, elle, est claire, posée, bien distincte. Les mains parlent également, soulignant chacun des douloureux souvenirs évoqués par celle qui a partagé la vie de Nordahl Lelandais entre mai 2015 et décembre 2016, soit quelques mois avant l’enlèvement et le meurtre de la petite Maëlys.
C’est la première fois que Karine (prénom d’emprunt) s’exprime face caméra, une dizaine de jours seulement après s’être expliquée dans les colonnes du Parisien. Une multiplication d’entretiens qui témoigne d’une envie de se libérer, se soulager, se débarrasser d’une « culpabilité » qui la ronge depuis plus de deux ans. « On aurait pu éviter la mort de Maëlys », confiait-elle au Parisien, reprochant, par là même, aux gendarmes de ne l’avoir « pas prise au sérieux » et contre qui elle dit vouloir porter plainte.
Face aux caméras d’Envoyé spécial sur France 2, ce jeudi 24 octobre, la jeune femme ne change pas son fusil d’épaule : « J’estime qu’ils ont fait une faute » assure-t-elle en parlant des gendarmes. Et pour cause, avant l’enlèvement de la petite Maëlys, Karine s’est rendue pas moins de « quatre fois » au commissariat pour dénoncer le comportement violent et inquiétant de son ancien compagnon Nordahl Lelandais. Sa plainte sera finalement reçue mais Nordahl Lelandais ne sera pas inquiété. Un coup d’épée dans l’eau pour Karine qui vivra, un mois plus tard, un véritable « choc émotionnel » en découvrant, dans la presse, la tragique affaire Maëlys.
Instable, cocaïnomane et infidèle
Tout commence en 2015, « depuis un site de rencontres ». Nordahl Lelandais et Karine, qui ne se connaissent alors que de vue depuis 2003, démarrent une relation virtuelle. Au fil des conversations, les deux jeunes gens se découvrent de nombreux points communs, notamment « l’amour des animaux ». Démarre alors une « histoire fusionnelle », explique Karine à France 2. Mais très vite, la jeune femme découvre le tempérament « coléreux, très emporté » de son compagnon : « Il était extrêmement jaloux », capable de « coups de colère disproportionnés, de réactions pas du tout adaptées » et « pouvait avoir facilement envie de se battre », confie-t-elle. Et Karine de continuer : « Il défiait tous ceux qui me regardaient un peu. »