Alors qu'une importante pandémie de coronavirus se répand à toute vitesse dans le monde entier, Google se saisit aujourd'hui de la figure d'Ignace Semmelweis pour participer à la prise de conscience collective nécessaire à l'arrêt de sa propagation. Ce médecin hongrois, qui finira mort interné, après avoir sauvé des centaines de vies, avait découvert avant Pasteur les bienfaits de l'asepsie. Mais plus de 200 ans après sa naissance, force est de constater que la mise en œuvre de ses préceptes reste toujours imparfaite, selon l'OMS. Le jeune médecin, né le 1er juillet 1818 à Budapest, intègre en 1848 le service obstétrique de l'Hôpital général de Vienne. Il est immédiatement frappé par la mortalité record des jeunes accouchées du pavillon où sont formés des étudiants : plus de 10 %, avec des pointes approchant les 40 %. En mars 1847, il a le déclic quand un collègue meurt d'une septicémie contractée lors d'une autopsie : les cadavres recèlent, selon ses termes, des « particules » invisibles, mais potentiellement létales. Le simple savon ne suffisant pas, Semmelweis impose un lavage des mains de cinq minutes avec « ce qui existait de plus fort : le chlorure de chaux, une solution au demeurant très abrasive pour la peau ». Les résultats sont immédiats : le taux de mortalité tombe à 1,3 %, devenant même nul certains jours. C'est là que les ennuis de Semmelweis commencent. S'il recueille le soutien de certains confrères, le jeune médecin hongrois est vivement combattu par plusieurs pontes. Mais un quart de siècle avant Pasteur et la découverte des microbes, le praticien ne peut pas démontrer formellement l'existence de ses « particules ». Incompris, Semmelweis développe des troubles mentaux et est finalement interné à Vienne, où il meurt dans des circonstances obscures en 1865, à 47 ans. Il sera réhabilité à la fin du XIXe siècle, et fait figure aujourd'hui de père de l'asepsie et de l'épidémiologie hospitalière moderne.