Immigrés exploités, goût : faut-il encore acheter des fraises espagnoles ?

Le Parisien 2020-05-29

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Sur les étals français, une fraise sur deux est espagnole et vendue en moyenne 3,5 fois moins chère que sa voisine française. Pourquoi ? L'Espagne a recours à des travailleurs immigrés logés dans des conditions très précaires, exploités et sous-payés. Hadrien Gonzales a interrogé Philip Alston, rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté. « Les cueilleurs immigrés vivent dans des bidonvilles fabriqués avec du plastique qui servait auparavant à couvrir les champs de fraises. Ce sont de conditions de vies que l’on trouve généralement dans les pays en développement. »

« Les travailleurs sont payées entre 30 et 35 euros par jours », rapporte Philip Alston. C’est moins que les 41,20 euros bruts prévus par la convention collective du secteur – et c’est beaucoup moins que le salaire minimum français pour le même travail, 71,05 € brut la journée de 7 heures. On comprend mieux pourquoi, quand elles arrivent dans nos étals, les fraises espagnoles sont en moyenne, selon les chiffres de France Agrimer, 3,5 fois moins chères que leurs voisines espagnoles.

Question goût, les fraises espagnoles n'ont pas bonne réputation. Pour en avoir le cœur net, on a fait goûter à l’aveugle trois fraises de trois pays différents à Victor Mercier. Cet ex-candidat de Top Chef a ouvert il y a quelques mois un restaurant patriote nommé FIEF, pour « Fait Ici En France ». Convaincu qu’il faut privilégier le made in France, il a même publié ce printemps une pétition « Pour une souveraineté alimentaire post Covid 19 ». Regardez les résultats de sa dégustation...

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