Françoise Kubler (soprano) et Armand Angster (clarinette) interprètent Anacoluthe, composé en 1987 par Pascal Dusapin.
ANACOLUTHE, (figure de rhétorique, exemple : « je vais où toute chose va »), est une résolution possible des partitions Mimi et Il-Li-Ko. Outre l’incongruité de la formation instrumentale, il fallait opérer sur deux points apparemment élémentaires : entendre et le texte et la musique !
Pascal Dusapin
Il s’agit ici d’une musique qui témoigne d’une totale liberté rythmique. La cantatrice commence d’une voix légère où les mots sont bredouillés à une extrême vitesse ; elle mélange le parlé et le chanté sur une note et soudain elle lance des mots qui sont véritablement clamés. Son débit est haletant, comme sous le coup d’une intense émotion, avec des exclamations qui ponctuent le texte. Elle énonce un récit qui semble mouvementé, entremêlé de réflexions personnelles. Puis quelque chose se dérègle et elle prononce des mots en répétant certaines syllabes, comme si elle était trop bouleversée pour parler. Cette pièce, d’une grande intensité dramatique, dont la théâtralité est évidente, préfigure l’opéra.
Madeleine Gagnard