Tourisme aux Maldives, un paradis d’enfer

France Inter 2021-11-05

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Giv Anquetil revient de l'archipel des Maldives où près de 1200 îles coralliennes au ras d’une eau turquoise qui s’étirent sur 800 km au milieu de l’océan Indien. En arrivant aux Maldives, on a peu l’impression d’être dans une pub pour gel douche des années 1980.

Mais derrière la carte postale, nombreux sont les scientifiques et environnementalistes qui dénoncent les dégâts irréversibles faits aux récifs par ces enclaves touristiques. Car les travaux de terrassement malmènent les coraux (qui se remettent péniblement du grand épisode de blanchiment de 2016, avec des anomalies de température qui en ont emporté plus de 70%), en libérant des tonnes de sédiments, qui compromettent la résilience des atolls tout en condamnant des zones de frai de la faune marine.

Dans l’archipel de Rasdhoo, à une trentaine de miles à l’Ouest de Malé. Quatre îles : deux privatisées (Velingandu et Kuramathi), Rasdhoo où vivent moins d’un millier d’habitants et, juste en face, l’îlot inhabité de Madivaru.

Et pour tous, c’est le terrain de jeu de leur enfance et de pique-nique des familles les vendredis. Alors en 2017, à l’annonce qu’elle allait à son tour être cédée à un groupe hôtelier dubaïote – et donc être interdite aux iliens, ils se sont tous mobilisés, ont pétitionné, et fait tant de bruit que le projet a été finalement abandonné voilà deux ans, avec le classement de l’île de Madivaru comme zone protégée.

Forts de cette victoire, les habitants de Rasdhoo ont repris leur vie en se disant qu’ils avaient au moins sauvé les meubles, même si leur île continue d’être rongée par la montée des eaux. Mais c’était sans compter la volonté de croissance de l’île privée de Veligandu qui a entrepris cet été de s’agrandir en créant une nouvelle île... avec le sable des hauts-fonds de Madivaru. Si bien que les habitants et les élus du Conseil de l’île ont dû repartir au combat et bloquer ce nouveau chantier qui, en sept jours, a fait disparaître une partie des bancs de sable.

Pendant ce temps, à quelques encablures de la capitale Malé, micro-capitale de seulement 1,7 km de long sur 1,1 km de large où s’entassent 150 000 habitants (près d’un tiers des habitants de l’archipel, une des pires densités de population au monde), se trouve la tristement célèbre île-poubelle de Thilafushi. Plus de 400 000 m³ de déchets s’y empilent depuis le début des années 1990. Chaque jour 600m³ supplémentaires s’y ajoutent, dont une majorité provient de l’activité touristique.

Et quand on voit que le pays attire plus d’1,5 millions de vacanciers par an, on est pris de vertige.

D’autant plus que, dans ce pays qui plafonne à moins de 2,40 mètres au-dessus de l’eau, ce tas d’immondices était il y a peu encore le point culminant de l’archipel. Mais il a depuis été surpassé. Par une colline artificielle (5,1m) où trône le trou numéro 8 du seul parcours de golf des Maldives, sur une île artificielle de complexe touristique…

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