« C’est le Trump français », tranche Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po. « Il se met en scène comme un sauveur », ajoute le spécialiste après un décryptage scrupuleux de cette vidéo de 10 minutes au ton volontairement dramatique dans laquelle Éric Zemmour déclare : « Il n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver. C’est pourquoi j’ai décidé de me présenter à l’élection présidentielle ». Installé devant une bibliothèque, assis derrière un micro d’époque, mimant jusqu'à la caricature du général de Gaulle lors de l'appel du 18 juin 1940, le polémiste d’extrême droite a lu sa déclaration en faisant référence à la France des années 50, images d’archives à l’appui entrecoupées par des images de violences et d’émeutes urbaines. « Il va imiter le général De Gaulle, jusqu’à la caricature, presque jusqu’au ridicule », explique Philippe Moreau-Chevrolet. Sur le 2e mouvement de la 7e symphonie de Beethoven, le polémiste, en précampagne depuis plusieurs mois, a expliqué se présenter « pour que nos enfants et nos petits-enfants ne connaissent pas la barbarie, pour que nos filles ne soit pas voilées, et que nos fils ne soit pas soumis, pour que nous puissions leur transmettre la France telle que nous l’avons connue et reçue de nos ancêtres, pour que nous puissions encore préserver nos modes de vie, nos traditions, notre langue, nos conversations, nos controverses sur l’histoire, ou la mode, notre goût pour la littérature ». « Il n’y a aucune proposition concrète dans son discours. On reste sur ses fondamentaux qui sont l’immigration, l’identité, la nostalgie de la France d’avant. On est très très loin du terrain, de l’économie, du Covid, au fond on peut se demander si ces sujets intéressent Éric Zemmour ? », s’interroge Philippe Moreau-Chevrolet avant de conclure : « là, en termes publicitaires, on a un lancement de produit réussi, un discours bien packagé; maintenant, il faut que les gens achètent ce produit en rayon et là, je suis beaucoup moins convaincu ».