Politicien(ne), un dur métier? La politologue Chloé Morin et le journaliste Nicolas Domenach montrent notre part de responsabilité dans le "tous pourris" dont on accuse nos élus.
Dans son dernier livre "On a les politiques qu'on mérite", Chloé Morin nous offre une enquête qui mêle interviews et analyses pour aller aux origines de notre détestation des politiques. Car l’ère du temps est à la défiance envers les politiques, des gilets jaunes aux “convois de la liberté”. De l’abstentionnisme à l’indifférence, voire à la haine. Si elle admet que les accusations de clientélisme, de corruption, d'impuissance peuvent être fondées, Chloé Morin questionne : n’a-t-on pas contribué, en tant que citoyens, à rendre la politique “détestable et impraticable” ?
Selon elle, il faut se poser la question de "notre responsabilité à nous, électeurs". Nous exigeons de nos élus une exemplarité qui dépasse le cadre de leur fonction et qui pénètre jusqu'à leur vie privée. Cette tyrannie de la transparence est facilitée par les réseaux sociaux et les médias, qui demandent des réponses immédiates, souvent en décalage avec le temps de l’action. Une moralisation de la vie publique qui nous mène à l’impasse. "Le pouvoir de l'image, de l'émotion, du geste, est devenu fort dans notre jugement politique global" souligne Chloé Morin, plus que les actes.
Pour Nicolas Domenach, cela va encore plus loin : "On attend du spectacle, et on pousse au spectacle". Avec Maurice Szafran, il a écrit l'ouvrage "Macron, Pourquoi tant de haine" qui analyse la haine dont l'actuel président est l'objet. Une "détestation particulière" et inédite nous dit-il. En outre, Emmanuel Macron incarne "l'image de la réussite" et l'expression d'une classe "à l'abri" ajoute Chloé Morin. Il produit en écho le sentiment général d'être méprisé, dans le cadre d'un phénomène général de "déclassement".
Olivia Gesbert invite à sa table la politologue Chloé Morin et le journaliste Nicolas Domenach pour débattre sur cette question.