Réaliser une interview de JoeyStarr n’est pas mince affaire. Le rappeur, qui officie désormais plus souvent devant la caméra, est un clown turbulent qui prend un malin plaisir à torturer les journalistes. Et l’on comprend mieux pourquoi quand on découvre sa première interview, dans « Suprêmes » le biopic sur les débuts de NTM. Dans les années 80, dans une France en crise, la banlieue s’embrase, et les journalistes interrogent Kool Shen et JoeyStarr, deux stars montantes vivant en Seine-Saint-Denis, sur les raisons de cette colère, mélangeant rap et délinquance. Dans la peau de Didier Morville, l’acteur Théo Christine, dans celle de Bruno Lopez, Sandor Funtek. Deux jeunes acteurs qui se sont glissés dans la peau de leurs personnages en apprenant à rapper comme eux, à danser comme eux, mais aussi à graffer des rames de métro comme eux.Un pari parfaitement réussi par la réalisatrice Audrey Estrougo, qui, à travers le film, prend une photo sociologique de la France des années 80. Si Sandor Funtek est dans un mimétisme parfait de Kool Shen, Théo Christine lui offre une interprétation plus sensible d’un JoeyStarr que l’on découvre en fils rejeté par son père, blessé par l’absence de sa mère, en proie aux addictions. Ou la facette la moins connue de l’histoire du plus grand groupe de rap de France, à l’heure où personne n’avait entendu parler de hip hop. Un scénario fidèle à la réalité puisque JoeyStarr et Kool Shen ont pris part au projet.Sur la Croisette, d’ailleurs, le jaguar éta ...