Depuis des semaines, leurs vidéos inondent l'internet russophone : des mères et des femmes de soldats russes mobilisés pour combattre en Ukraine se réunissent à travers la Russie et exigent le respect des promesses du président Vladimir Poutine. Le Kremlin, après avoir ordonné une mobilisation partielle en septembre, avait assuré que les centaines de milliers d'enrôlés suivraient un entraînement solide, recevraient un bon équipement et ne seraient pas envoyés en première ligne. Mais de nombreuses violations ont été recensées : mort au front de mobilisés; mobilisation d'hommes inaptes, de pères de familles nombreuses ou trop âgés; absence d'équipement adéquat et de formation militaire pour nombre d'appelés. Cette mobilisation désordonnée, qui a poussé le pouvoir à admettre des « erreurs » , a répandu l'inquiétude parmi les proches des soldats envoyés en Ukraine. Cette inquiétude, qui risque de dégénérer en grogne, place le Kremlin dans une situation délicate: si les autorités répriment de façon implacable toute remise en cause de l'offensive en Ukraine, la parole des femmes de soldats est sacrée et les emprisonner choquerait en Russie. Signe que le pouvoir prend cela au sérieux, Vladimir Poutine a rencontré ce vendredi 25 novembre des mères de militaires envoyés en Ukraine. Mais certains proches anticipent déjà une réunion soigneusement chorégraphiée, sans discussion sur le fond.