Il fait encore nuit sur une plage de Gaza, dans la matinée du 29 février, quand plusieurs camions d’aide humanitaire franchissent un checkpoint de l’armée israélienne. Un de ses drones filme alors des images tragiques : ils ne parviennent à faire que quelques centaines de mètres avant d’être bloqués par des centaines, puis des milliers de Gazaouis, désespérés de pouvoir mettre la main sur de la nourriture.
S’ensuit un drame, dont seules les conséquences seront visibles, au petit matin : des corps sans vie entassés sur des remorques, des blessés par centaines qui affluent dans les derniers hôpitaux de la ville et des sachets de farine ensanglantés abandonnés sur place. Les images du drone publiées par l’armée israélienne le jour même ne montrent pas comment des dizaines de civils ont été tués. Son porte-parole, tout en présentant cette vidéo, donne sa version des faits : « Des milliers de Gazaouis se sont approchés des camions, certains ont commencé à pousser violemment et même à piétiner à mort d’autres Gazaouis, en pillant l’aide humanitaire. » L’armée israélienne a reconnu ensuite avoir tiré sur des Gazaouis qui s’approchaient de leurs positions.
Le ministère de la santé de la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, affirme que ce sont des soldats israéliens qui ont ouvert le feu sur la foule et avance un bilan bien plus lourd : 112 morts et 760 blessés. Les images récoltées permettent d’établir que des chars israéliens étaient bien présents à proximité du convoi. Elles montrent également que des coups de feu ont été tirés le long du convoi et que des blessures ont été infligées par balle. Contacté par Le Monde, le directeur de l’hôpital Al-Awda affirme avoir reçu 176 blessés et constaté des « blessures par balle, sur toutes les zones du corps, les mains, les jambes, l’abdomen ou la poitrine ».