"Top". Il est 10 h ce jeudi 17 octobre dans le centre opérationnel de la préfecture des Bouches-du-Rhône quand le débex (pour "début d’exercice") est lancé. Une douzaine de personnes dont le directeur de cabinet du préfet, Nicolas Hauptmann, sont autour de la table, les yeux rivés sur le système d’information conçu par la Direction de la sécurité civile et de la gestion des crises pour toutes les préfectures de France. Les images de l’usine chimique Arkema de Saint-Menet, classée Seveso en raison de son activité de stockage de chlore et d’ammoniac, défilent sur l’écran géant, tandis qu’une caméra filme tout.
Le "fait déclencheur" et la mise sous cloche
10 h 10. "Une grue chute sur une canalisation pleine d’ammoniac (corrosif pour la peau, les yeux et les poumons, NDLR) à l’intérieur de l’usine, entraînant une fuite de 4 litres par seconde autour d’une cuve pleine de 50 tonnes". Voilà le scénario. L’exploitant, Arkema, se plie à ses obligations en envoyant à la préfecture une "pré-alerte". "S’il se passe quoi que ce soit, on le sait tout de suite", veut rassurer le directeur de cabinet du préfet, qui prend l’exemple "d’un néon qui a sauté dans une centrale nucléaire" lors de ses précédentes fonctions dans le Loir-et-Cher, et avait déclenché l’envoi de 4 engins de pompiers.
10 h 52, les sirènes de Saint-Menet déchirent le ciel. Les habitants dont les téléphones bornent à moins de 3 km de l’usine reçoivent quatre consignes : s’abriter, fermer les fenêtres, s’informer, rester en lieu sûr.
10 h 59, avec le changement de vent, la "propagation du danger" atteint 1 600 mètres à la ronde. Le confinement des écoles est décrété. "Car dans la vraie vie, ça se passerait comme ça", souligne le cabinet du préfet. Et en cas de panne ? "Des radios sont prévues". Et si une manifestation bloquait l’accès à la préfecture ? "Deux autres centres, secrets, existent".
11 h 30, l’alerte est levée, le risque pour la population maîtrisé. 32 000 personnes peuvent souffler.