À Naples, Paris, Anvers ou Port-au-Prince, les œuvres d'Ernest Pignon-Ernest sont devenues des repères visuels, des véritables icônes dans les rues. À l'occasion de la publication du livre de Pascal Bonafoux, l'artiste se confie sur son parcours créatif.
## Un atelier chargé d'histoire
Nous avons eu le plaisir de rencontrer Ernest Pignon-Ernest dans son studio, La Ruche, où il travaille depuis 1973. Localisé dans le 15e arrondissement de Paris, cet espace de création est un véritable sanctuaire pour l'artiste. Avec la sortie de l'ouvrage de Pascal Bonafoux, intitulé *Le Dessin, la mémoire, la poésie*, qui retrace soixante ans de son œuvre, Pignon-Ernest évoque son parcours artistique. Son style distinctif, avec ses dessins sérigraphiés sur papier journal, s'affiche sur les murs de diverses villes, devenant ainsi des symboles intemporels.
## Entre Rimbaud et la peinture italienne
Parmi ses créations, celle de Rimbaud à Paris et Charleville en 1978 demeure la plus emblématique. Mais ce livre permet aussi de faire ressortir son intense passion pour la peinture italienne des XVe et XVIIe siècles, avec une mention spéciale pour le Caravage. L'artiste souligne l'importance de la peinture dans son travail, révélant comment elle influence non seulement son art mais aussi sa compréhension du monde qui l'entoure.
## La quête d'une image vivante
Pignon-Ernest aspire à ce que ses œuvres soient perçues comme des connaissances plutôt que comme de simples illusions. Il cherche à équilibrer un effet réaliste avec une conscience de la nature éphémère de l'image. En intégrant un noir et blanc schématique dans son dessin, il rouvre le débat sur la convention artistique et la nécessité d'une certaine rigueur dans l'exécution de ses œuvres. Pour lui, chaque dessin devrait ressembler à une empreinte dans le sable, symbolisant à la fois une présence et une absence.
## Fascination pour Naples
Son amour pour Naples, une ville riche de son histoire et de sa culture, trouve également une place centrale dans son travail. Il évoque ses premières influences, comme le Greco et la Toscane, pour finalement affirmer que Naples a été le moteur de sa passion pour le Caravage. Cette ville, avec son ambiance de lumière, d'ombre et de souffrance, l'a profondément inspiré et l'incite à appréhender la violence et la beauté de l'existence humaine.
## La douleur et la beauté de Naples
Ernest Pignon-Ernest met en avant l'incroyable richesse culturelle de Naples malgré son passé tumultueux. Le XVIIe siècle a été un moment de grandes tragédies, mais aussi de floraison artistique. Les guerres, les épidémies et les crises sociales ont contribué à forger cette ville en un centre culturel majeur, où l'art a prospéré malgré l'adversité.
## Une immersion profonde dans l'art
L'artiste précise qu'il doit se familiariser avec la ville pour l'insérer dans son travail. Avec des centaines d'im