À partir de ce vendredi 8 novembre à 16h48 et 15 secondes, les femmes vont théoriquement travailler "gratuitement" jusqu’à la fin de l’année. Cette date, calculée par l’association féministe Les Glorieuses, souligne l’injustice persistante des écarts de salaires selon le genre. Selon des chercheurs d’Aix-Marseille, ces inégalités surgissent dès le début de la vie active.
C’est un hashtag qui fait, chaque année, couler de l’encre et de la salive. Depuis 2016, la lettre d’information féministe Les Glorieuses calcule la date à partir de laquelle les femmes pourraient s’arrêter de travailler "si elles étaient payées avec un taux horaire moyen similaire aux hommes, tout en gagnant ce qu’elles gagnent aujourd’hui, toujours en moyenne, à l’année". Cette année, le calcul tombe le 8 novembre, à 16 h 48. "En 2016, quand cette démarche a été lancée, la date était le 7 novembre. C’est pour vous dire comme ça ne progresse pas très vite, cette affaire !" lance Vanessa di Paola.
"Plafond de verre et plancher collant ne semblent pas près de vaciller"
Cette économiste d’Aix-Marseille, rattachée au Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST) est bien placée pour le savoir. En 2023, avec Dominique Épiphane (Céreq), elle a publié une étude (1) consacrée aux inégalités entre les sexes sur le marché du travail, dont l’écart de rémunérations est révélateur. L’analyse se concentre sur les jeunes gens arrivés fraîchement sur le marché du travail, comparant la situation des personnes de la génération 2017 après trois ans de vie active, avec celle de la génération 2010. Force est de constater que dès les premières années, les écarts se creusent. "Si les conjonctures sont différentes, plafond de verre et plancher collant ne semblent pas près de vaciller", dénonce l’étude.
Pêle-mêle, on y apprend que les jeunes femmes sont toujours plus diplômées à la sortie du système éducatif. Ainsi, au sein de la génération 2017, la moitié des femmes, contre 40 % des hommes, sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, respectivement 44 % et 35 % dans la génération 2010. Pour autant, elles ont toujours moins de chances d’être en emploi trois ans après… L’étude pointe également des inégalités dues à des ségrégations "horizontales" (concentrations dans certaines professions) mais aussi verticales (les femmes restent sous-représentées dans les professions les plus rémunératrices et socialement valorisées).
Des femmes plus diplômées que les hommes
"Alors que les femmes sont plus diplômées que les hommes, elles accèdent moins à des postes de cadre. Ce qui montre bien qu’il y a encore des barrières : le plafond de verre opère assez vite lors des processus de recrutement et de promotion dans les entreprises. Dès le début de la vie active, on constate déjà les inégalités", résume Vanessa di Paola.
Pour expliquer cette situation, l’économiste pointe "les choix éducatifs qui sont faits. Les jeunes femmes choisissent des secteurs d’activité qui, symptomatiquement, rém