Blessé lors de l'attaque contre "Charlie Hebdo", Riss, le dessinateur et actuel directeur de publication, revient sur cette tragique journée du 7 janvier 2015, où douze personnes ont perdu la vie, dont huit membres de la rédaction.
## Un souvenir et un combat pour la liberté d'expression
Dix ans après ce drame, Riss continue de défendre la liberté d'expression avec sa plume. Dans une interview accordée à l'équipe de "13h15 le dimanche", il retrace les événements terrifiants de ce jour fatidique. Alors que l’équipe était réunie pour la première conférence de rédaction de l’année, la discussion sur l’actualité a été brutalement interrompue par l'arrivée des assaillants. "Je me suis retrouvé nez à nez avec un homme vêtu de noir, armé d'une kalachnikov et portant une cagoule. À ce moment-là, on réalise que tout peut s'arrêter. C’était une situation sans issue dans une pièce restreinte."
## Les conséquences de la violence
Riss se remémore l'entrée des terroristes, qui, après avoir observé la salle, se sont principalement concentrés sur Charb, le directeur de Charlie Hebdo, déjà désigné comme cible par Al-Qaïda en raison de sa publication des célèbres caricatures de Mahomet. Malgré le fait qu'ils sont venus pour Charb, les assaillants ont ouvert le feu sans distinction, blessant et tuant des personnes présentes tout autour d’eux.
## Une expérience traumatisante
"J'étais à terre, sans pouvoir voir quoi que ce soit, essayant seulement de comprendre la situation à travers les sons," explique Riss. Lorsque le bruit s'est tu, un sentiment d'angoisse l'a envahi : "On pensait que tout était fini, mais on ne savait pas s'ils étaient toujours là, ni combien ils étaient. Ces incertitudes amplifiaient notre vulnérabilité."
## La douleur du deuil instantané
Finalement, c’est en entendant les murmures de ses collègues que Riss a puisé la force de se lever, mais pas sans douleur. Il a choisi de fermer les yeux pour honorer la mémoire de ceux qu’il venait de perdre, ayant partagé sa vie avec certains pendant plus de vingt-cinq ans. "C'était un moment de respect et d'intimité que nous n'aurions jamais dû connaître. J'aurais voulu ne jamais être là, à cet instant, confronté à une telle perte. Il faut faire le deuil de ces années d'amitié en quelques secondes," conclut-il avec une profonde tristesse.