À Forcalquier : Au petit matin, les ruelles qui convergent vers la place du Bourguet déversent un flot inhabituel. Entre 8 h 30 et 9 h 30, Forcalquier s’éveille sous les slogans. Les pancartes s’écrivent à la main, encore trempées d’encre noire, avec des formules qui claquent : « Ils ne sont pas corrompus, ils sont la corruption. »
L’ambiance est calme mais chargée d’une tension sourde. La foule grossit au fil des minutes, compacte, déterminée. Sur les vestes, les autocollants rouges de la CGT côtoient des pancartes aux accents de défi : « Destitution », « Sans nous ils ne sont rien ». Dans les conversations, le même constat : le ras-le-bol est là, profond, durable.
« Il faut continuer de se mobiliser ensemble. On va se rendre au rond-point pour interpeller les automobilistes de manière pacifiste, pour échanger, partager et indiquer nos revendications », confie une manifestante, le regard résolu.
Alors la marche commence. Les pancartes se dressent comme des étendards. Le cortège s’ébranle en direction du rond-point d’entrée de ville. Dans les ruelles descendantes, les slogans s’élèvent, repris en chœur : « La retraite à 60 ans ! On s’est battu pour la gagner, on se battra pour la gagner ! » Puis plus frontal : « Macron démission ! » et l’écho local : « Lecornu, t’es foutu, Forca est dans la rue ! »
À l’arrivée au premier giratoire, le cortège s’élargit, entourant le rond-point dans une ronde humaine. Les automobilistes ralentissent, contraints de s’arrêter un instant. Loin de l’affrontement, la stratégie est claire : ralentir la circulation, distribuer des tracts, créer un dialogue, imposer une présence.