Rencontre du lendemain n°1 autour du spectacle Pudique acide / Extasis de Mathilde Monnier et Jean-François Duroure et la transmission en danse.
Avec Mathilde Monnier, Xavier Le Roy, Christophe Wavelet et Didier Plassard (Université Montpellier 3).
Pudique acide/extasis font parties de ces chorégraphies qui résistent au temps. Créées à NewYork et à la maison de la danse de Lyon au début des années 1980 par deux jeunes prodiges de la danse contemporaine, elles sont aujourd’hui, pour les artistes reconnus que sont de- venus Mathilde Monnier et Jean-François Duroure, l’occasion de renouer un dialogue entamé il y a plus de vingt ans. Frappés par les innovations de Merce Cunningham – véritable fer de lance de la “modern dance” – ils décident de mettre à profit l’enseignement de François Verret, de Viola Farber et de Pina Bausch dans la volonté de renouveler, hors de l’école américaine, leur pratique de la danse. Cette pièce de jeunesse, transmise à de jeunes interprètes, prouve encore toute son actualité. Sur la musique tantôt grave et tantôt comique de Kurt Weill, le duo a ainsi trouvé matière à partir de laquelle composer et déjouer les multiples représentations du couple ; faisant de la simple présence de deux personnes le moteur du désir, de ses combinaisons et de ses déplacements. En ce sens, le discret surgissement de la fiction parvient à suspendre la tentation du formalisme pour puiser dans l’univers du théâtre de nouvelles énergies. À la première pièce, tendue vers l’abstraction, l’épure et la virtuosité technique, se succède un second volet de facture plus expressionniste, qui transforme la joute des deux danseurs en un dévoilement d’une intensité remarquable. Le rythme est nerveux, les corps restitués aux mouvements premiers de la dualité, comme s’il s’agissait d’excéder non seulement les codes, mais l’ensemble des attitudes qui perpétuent, dans la trame de nos gestes, le jeu des rivalités et des complicités silencieuses.