Aujourd’hui, la République, l’idéal qui nous fait vivre ensemble, liberté égalité fraternité, est ébranlée.
Chez chaque jeune fille ou jeune garçon qui en est à sa centième lettre de candidature, diplôme ou pas diplôme, et qui chaque fois reçoit la même formule de refus toute faite, c’est la République qui est en souffrance.
Quand s’accroît sans cesse le nombre des familles dont les fins de mois commencent le 15 du mois, parce que le pays s’appauvrit, c’est la République qui est malmenée.
Quand les jeunes Français comprennent brusquement que la dette de leurs aînés, finalement ce sera leur dette, qu’ils recevront en héritage le passif le plus lourd de notre histoire, c’est la République qui est maltraitée.
Quand d’une génération à l’autre, on transmet non plus un patrimoine intact mais un patrimoine grevé de dettes et menacé, quand tout particulièrement notre patrimoine naturel de terre, d’air et d’eau, notre patrimoine d’espèces vivantes, est menacé par l’activité humaine qui ne sait pas se réguler, la République ne se reconnaît plus.
Et quand l’école ne peut plus transmettre, quand les enfants sont en échec, quand il n’est plus de chance pour un enfant de pauvres de forcer la porte de l’ascenseur social, c’est la République qui est trahie.
Et quand à Toulouse un assassin désaxé, dont on apprend qu’il était repéré par tous les services, identifié et sur la liste noire des services de renseignement américains, peut se constituer un arsenal d’armes de guerre, s’entraîner, commettre ces meurtres, les plus horribles de ces dernières années, sans que nul ne soit en alerte, alors la République a des questions à se poser.
Et quand sans aller jusqu’au terrorisme la violence et l’intolérance montent dans toutes les couches de la société, que les appels à la haine tournent sur internet, alors la République, si elle ne se pose pas de questions, ne fait pas son devoir.
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