Le Kivu risque de demeurer la « porte d'entrée » des faiseurs de guerre et une véritable poudrière pour la RDC et toute la région des Grands Lacs. Pour preuve, les fossoyeurs de l'économie congolaise et les déstabilisateurs des institutions nationales ne font que s'alterner. Selon les dernières accusations concordantes, le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) est devenu le « nouveau maître du trafic illicite des minerais ». La crainte ? C'est qu'à tout moment, tout peut arriver et que la guerre pourrait reprendre.
Dans son dernier rapport, l'ONG international Global Witness accuse les anciens rebelles du CNDP d'être devenus les « nouveaux maîtres du trafic illicite des minerais ». Une situation qui a été favorisée par les dernières opérations « KIMIA 2 », permettant aux éléments du CNDP de prendre le contrôle des carrés miniers, autrefois occupés par les rebelles rwandais des FDLR, et de se livrer au trafic clandestin qui profite avant tout aux hauts gradés du CNDP, aujourd'hui officiers des FARDC.
Il s'agit particulièrement des minerais de haute valeur très prisés dans l'industrie mondiale. A savoir le coltan et la cassitérite qui entrent dans la composition des téléphones mobiles et des circuits informatiques. « Ils ont ainsi acquis un contrôle bien plus important des zones minières que celui dont ils jouissaient en tant qu'insurgés », lit-on dans le rapport de Global Witness. Et de poursuivre : « Les cargaisons de cassitérite et de tantale sortent toujours, principalement par le Rwanda voisin, sans que personne ne s'en offusque. A commencer par le gouvernement central de Kinshasa qui, semble-t-il, ferme les yeux en échange du maintien d'une paix précaire dans les Kivus. Un « deal » qui pourrait s'avérer illusoire. Du fait de leur capacité à détourner les recettes des mines, les anciens rebelles auraient des moyens financiers de se réarmer s'ils décrétaient que la paix ne leur convenait plus », analyse Global Witness, après une enquête de quatre semaines au Kivu.
Bien plus grave, Globall Witness s'étonne de l'attitude de la communauté internationale. « Les gouvernements bailleurs de fonds occidentaux ont fait grand cas de leurs engagements visant à rétablir la paix et la stabilité dans l'Est de la RDC. Mais ces belles paroles sont en contradiction avec le fait qu'ils persistent à ne demander aucun compte aux entreprises de leur juridiction qui achètent des minerais du conflit », affirme cette ONG internationale. Pour preuve, une entreprise britannique, cite Global Witness, qui était très impliquée dans l'achat des minerais congolais du Kivu, a été remplacée par une firme basée en Malaisie, MSC, quatrième producteur d'étain au monde, dirigée par un ressortissant britannique.
Comme on peut bien s'en apercevoir, le Kivu reste à la fois une « porte d'entrée » des mafieux, et « une poudrière » pour la RDC et la région des Grands Lacs.