Devant une chambre de l'hôpital de la ville malienne de Gao, deux djihadistes armés montent la garde. A l'intérieur, cinq hommes amputés d'une main et d'un pied au nom de la charia vivent prostrés, sans savoir quand les islamistes leur permettront de sortir.
"Moi je reconnais avoir attaqué un car de voyageurs, dit Ardo, mais ce n'est pas pour ça qu'on devait me couper une main et un pied."
Une bande de coupeurs de route, composée de quatre Peuls et d'un Touareg, avait attaqué le mois dernier un bus de transport, sur l'axe qui relie Gao à la frontière nigérienne. Les passagers avaient été dépouillés d'une forte somme d'argent.
Quelques jours plus tard, l'équipe de sécurité des djihadistes de Gao arrêtait des jeunes accusés du braquage. Puis, imposant leur interprétation de la charia, ils programmaient les cinq amputations publiques.
Dans la foulée du coup d'Etat militaire du 22 mars à Bamako, les trois régions administratives du nord du Mali sont tombées aux mains des groupes islamistes radicaux Ansar Eddine et Mujao, alliés de la branche maghrébine d'Al-Qaida. Ils y appliquent leur vision de la loi islamique, qu'ils entendent imposer à tout le Mali.