Que diriez-vous d'être le seul membre du Metavers à pouvoir arborer chez vous un Hokusaï, certifié original par le British Museum ? C'est en substance l'objet d'une vente aux enchères de NFT organisée le mardi 8 février par la maison Aguttes.
Alors que les œuvres au format NFT agitent le monde de l'art depuis le boom connu par l'artiste Beeple début 2021 - dont une œuvre numérique a été vendue plus de 69 millions de dollars -, le marché des enchères se met à la page du virtuel. Dénommée The Unvirtual Sale, cette vente parisienne sera une première mondiale puisque celle-ci se déroulera avec un commissaire-priseur et des enchérisseurs présents physiquement mais aussi dans le metavers, qui interagiront comme lors d'une vente aux enchères traditionnelle.
Une première qui a dû se mettre à la page de la réglementation française sur la question : «Dans le cadre de la réglementation française n'autorisant que la vente de biens matériels, chaque œuvre NFT aura une représentation physique, et c'est bien cette dernière qui sera mise en vente. A cette œuvre physique sera associé un NFT dont l'adjudicataire deviendra propriétaire», explique le catalogue de la vente dans son préambule.
Surtout, le public pourra assister à la vente depuis n'importe quel lieu de la planète, puisqu'il pourra pénétrer dans le metavers dédié à la vente, qu'il possède ou non un casque de réalité virtuelle. Même si cette dernière option permettra encore plus d'immersion. Un espace de 1.000 m2, répliqué dans le metavers en 3D et visible à 360°, sera également accessible pour admirer les œuvres.
Au total, 51 lots seront éparpillés lors de ce rendez-vous inédit, avec des estimations allant de 500 à plus de 70.000 euros. Et si les amateurs de NFT pourront retrouver des œuvres en 3D, les regards seront notamment tournés vers des tableaux et estampes d'Hokusaï (1760-1849), que les spécialistes du Japon connaissent bien. Alors que les œuvres du maître seront proposées au format Non-fugible token (Jeton non-fongible), les originaux restent quant à eux physiquement au British Museum. L'établissement les a donc numérisées avant d'en faire des copies NFT, chacune étant certifiée authentique. La technologie de la blockchain permettant ensuite de certifier qu'une personne en est bien l'unique propriétaire dans sa forme numérique.
Pour les musées, les NFT apportent un nouveau modèle économique pour attirer les mécènes avec une forme inédite de gratification. Par analogie, le Louvre pourrait choisir de vendre la célèbre Joconde sous forme de NFT. Son propriétaire n'aurait pas le tableau de Leonard de Vinci physiquement, mais pourrait l'arborer dans le metavers et même prouver qu'il en est le seul détenteur. Le musée du Louvre pouvant alors utiliser l'argent de la vente pour financer sa restauration par exemple. Surtout, le musée peut préciser dans ce smart contract (contrat intelligent inscrit dans la blockchain), qu'il pourrait toucher automatiquement 20, 30 ou 40 % en cas de revente.