Il y a des séquences houleuses à l’Assemblée nationale, et d’autres tout simplement lunaires. Celle qui s’est tenue dans l’après-midi de ce vendredi 10 février fait partie de la seconde catégorie. Censés débattre de l’article 2 du projet de réforme des retraites portant sur l’index seniors, les députés se sont écharpés au sujet du tweet du député LFI Thomas Portes.
La veille, le député de Seine-Saint-Denis a partagé sur le réseau social une photo de lui devant le ministère du Travail, le pied sur un ballon de football sur lequel avaient été collées des photographies du visage d’Olivier Dussopt.
L’affaire aurait pu s’arrêter là. Mais le député LFI en a remis une couche. « Calmez-vous collègues, il n’y a pas de ballon ici », a ainsi lancé Thomas Portes, accueilli par un brouhaha mécontent alors qu’il s’apprêtait à défendre un amendement.
Le tollé est immédiat sur les bancs de la majorité, et Thomas Portes est empêché de prendre la parole. C’est en vain que la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet essaie de réclamer le silence. « Monsieur Portes, je crois que l’hémicycle vous demande des excuses », tente-t-elle à l’adresse du concerné sous les applaudissements des députés Renaissance, LR et RN, tout debout. Elle suspend finalement la séance pour dix minutes à la demande de Mathilde Panot.
À leur retour dans l’hémicycle, les interventions, rappels au règlement et suspensions de séance s’enchaînent, sans que le thème des retraites ne soit jamais abordé. Thomas Portes est sommé à plusieurs reprises de retirer son tweet afin que les débats sur la réforme puissent se poursuivre. « Soyez humain, soyez responsable, soyez démocrate, retirez votre tweet ! », l’encourage le président du groupe MoDem Laurent Marcangeli tandis que le Renaissance Éric Woerth qualifie le tweet « d’appel au meurtre ».
Thomas Portes reprend la parole pour « essayer de défendre son amendement » avant d’y renoncer face à la cacophonie. Et de tancer : « Je retirerai mon tweet le jour où vous retirerez cette réforme qui va sacrifier des milliers de gens, voilà la réalité ! »
La suite de la séance ne sera pas plus productive. Après presque une heure d’échanges de ce niveau et face au refus catégorique d’élus et d’alliés de la majorité de reprendre les débats sans excuse de Thomas Portes, la présidente des députés LFI Mathilde Panot a fini par réclamer la convocation du bureau de l’Assemblée « pour qu’on puisse continuer sur ce texte de la réforme des retraites ». Objectif : s’accorder sur le sort de Thomas Portes afin de permettre la reprise des débats.
Mathilde Panot a tout de même défendu l’élu insoumis, soulignant que « le fait d’utiliser l’image des puissants dans des faits de folklore a toujours mis la violence à distance ».
Sa requête a rapidement été acceptée par Yaël Braun-Pivet. « Je convoque un bureau immédiatement.», a tranché la présidente sous les applaudissements, avant la suspension de la séance.