L'Orchestre philharmonique de Radio France et Raphaëlle Moreau interprètent la musique de film "Le Prodige" sous la direction de Bastien Stil. Extrait du concert enregistré le 14 mai à l'Auditorium de la Maison de la radio et de la musique.
Nous restons dans la même idée de violon concertant, comme s’il s’agissait du deuxième mouvement d’un étrange concerto aux styles multiples. Après le Londres russe, violent et contemporain des Promesses de l’ombre, voici un Londres plus feutré et poignant.
Nous sommes en 1951, et un concert se prépare. La soirée dépeinte en ouverture de ce film met en vedette un jeune virtuose du violon, Dovidl Rapoport, censé jouer un programme de Bruch et Bach. L’ami de Dovidl, Martin, anticipe les inquiétudes et rassure les personnes plus âgées qui l’entourent : le jeune musicien ne manquera pas ce rendez-vous. Malheureusement, Dovidl ne viendra pas. Plus de 30 ans après, Martin, incarné par Tim Roth, maintenant professeur de musique, est toujours rongé par cette disparition. Il est alors frappé par l’audition d’un étudiant qui utilise son archet d’une manière particulière : cette voix appartient à Dovidl (enfant juif prodige laissé aux soins du père de Martin avant le début de la Seconde Guerre mondiale).
Nous apprenons par des flashbacks à quel point Dovidl exaspérait le jeune Martin, avant qu’ils ne deviennent les meilleurs amis du monde. Nous comprenons ainsi que Dovidl s’était endormi dans un bus et qu’il en avait profité pour rendre visite à une communauté juive polonaise à Stoke Newington, leur demandant si sa famille était toujours en vie. Il est ensuite emmené dans une synagogue, où une liste de personnes portant le nom de Rapoport décédées durant la Seconde Guerre mondiale est annoncée.
Après avoir découvert qu’aucun membre de sa famille n’a survécu, David s’effondre, et sait que son destin l’amènera définitivement en Pologne. Martin, troublé par l’audition du jeune violoniste, décide de retrouver son presque frère. C’est une réunion douloureuse et déchirante qui se déroule tout au long du superbe troisième acte de ce film. Le titre du film (et du livre de Norman Lebrecht dont il s’inspire) fait référence à la récitation musicale des noms de tous ceux qui sont morts à Treblinka. Cette émouvante séquence commémorative, composée pour le film par Howard Shore et reprise en écho ailleurs sur la bande originale, est chantée comme une prière au violon.
#HowardShore #RaphaelleMoreau #BastienStil
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