Le chef du groupe paramilitaire Wagner a appelé samedi ses troupes à stopper leur marche vers Moscou, opérant une spectaculaire volte-face après avoir défié l'autorité de Vladimir Poutine qui avait mis en garde contre un risque de "guerre civile", tandis que Kiev revendiquait des avancées à l'est de son territoire. Pour éviter que le "sang russe" ne coule, "nos colonnes font demi-tour et nous partons dans la direction opposée rentrer dans les camps", a déclaré le tempétueux Evguéni Prigojine après avoir lancé vendredi soir un coup de force inédit contre le Kremlin pour "libérer le peuple russe".
Ses troupes se sont approchées samedi à moins de 400 km de la capitale après avoir notamment revendiqué la prise du quartier général de l'armée russe à Rostov (ouest), centre névralgique des opérations en Ukraine. Prigojine envoyé au Bélarus Quant à Evguéni Prigojine, il va partir au Bélarus, a annoncé le Kremlin, qui a assuré que la justice du pays ne poursuivrait pas pénalement le chef du groupe Wagner et les combattants qui l'ont suivi.
"L'affaire pénale sera abandonnée contre lui. Lui-même ira au Bélarus", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, au sujet de l'homme d'affaires. "Personne ne persécutera (les combattants), compte tenu de leurs mérites au front" ukrainien, a-t-il ajouté.
Confronté à son plus grand défi depuis son arrivée au pouvoir fin 1999, le président Poutine a dénoncé une "trahison" et mis en garde contre une "guerre civile". Le Kremlin a aussi sommé les pays occidentaux de ne pas essayer de "profiter de la situation intérieure en Russie pour atteindre leurs objectifs russophobes".
"Tous les objectifs de l'opération militaire spéciale (en Ukraine) seront atteints", a affirmé le ministère des Affaires étrangères. Selon président ukrainien Volodymyr Zelensky, la rébellion de Wagner montre toutefois que "les dirigeants russes n'ont aucun contrôle sur quoi que ce soit".
"L'homme du Kremlin a évidemment très peur et se cache probablement quelque part, a-t-il affirmé. Son armée a elle revendiqué samedi "des avancées dans toutes les directions" sur le front Est où elle affirme avoir lancé de nouvelles offensives.
L'avancée en Russie des troupes de Wagner a conduit à les autorités à prendre des mesures de sécurité exceptionnelles. Le maire de Moscou a appelé les habitants à limiter les déplacements en ville, qualifiant la situation de "difficile" et décrété lundi jour chômé. "J'ai lu les informations ce matin, j'ai été très surprise. Je ne sais pas comment réagir à cela", a déclaré à l'AFP Elena une Moscovite de 35 ans.