"J’étais allé boire un coup à La Plaine avec des amis", commence-t-il, admettant connaître, à ce moment-là, les tensions qui secouent la ville. Dans un récit entrecoupé de profondes inspirations, Otman remonte le fil des semaines. Et explique vouloir "dire les choses". Ainsi, raconte-t-il sans détour avoir un passé de délinquant, mais aussi, ce soir-là, être entré dans le tabac pillé et y prendre "trois ou quatre paquets de cigarettes". Sur la suite aussi, Otman veut lever le voile. "Le rideau n’était pas complètement relevé, indique-t-il. Je me suis baissé, j’ai sorti ma tête, et j’ai pris un coup de matraque". Son premier réflexe est de vouloir fuir : "Je me suis dit, il faut que tu coures, t’as pris un coup, c’est la police, il faut que tu coures, se souvient-il. Un policier m’attrape, me soulève tête en bas et jambes vers le ciel. Je me suis dit là, je vais prendre cher, il va m’exploser. Et c’est le cas, il m’a explosé au sol." L’homme est alors victime de plusieurs coups, perd connaissance, avant d’être secouru par un voisin, puis pris en charge par les pompiers.
Là, un policier, Pascal G., auquel Otman dit avoir déjà eu affaire lorsqu'il était encore adolescent, entre dans le camion. "À l’époque, il travaillait à la BAC", précise la victime qui pense alors que le fonctionnaire va l’interpeller. "Et là il me dit : Après ce qu’on vient de te faire, tu vas pas rentrer en prison. Tu vas porter plainte ou pas ?". Pour Otman, cette conversation est la première tentative d’intimidation du policier. Si celle-ci est impossible à vérifier, d’autres ont été enregistrées par la victime.
Le policier mis en examen
Placé en garde à vue ce mardi matin pour "violence avec ITT de plus de huit jours par personne dépositaire de l’autorité publique" en réunion et avec arme, "abus d’autorité par personne dépositaire de l’autorité publique pour faire échec à l’exécution de la loi" et "menace ou acte d’intimidation en vue de déterminer une victime à ne pas déposer plainte ou à se rétracter", Pascal G. a été remis en liberté le lendemain soir. Mis en examen dans cette quatrième affaire concernant des violences supposées commises par des policiers lors des émeutes de début juillet, il est toujours en exercice mais privé de voie publique. "Je le vis mal, admet Otman. Moi ce qui m’intéresse, c’est que ce genre de policiers ne travaille plus dans les rangs de la police."