Cristian Măcelaru dirige l'Orchestre national de France dans la 2e Suite de Daphnis et Chloé, ballet composé par Maurice Ravel entre 1909 et 1912. Extrait du concert donné le 10 septembre 2021 à la Maison de la Radio.
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« Mon intention en l’écrivant était de composer une vaste fresque musicale, moins soucieuse d’archaïsme que de fidélité à la Grèce de mes rêves, qui s’apparente assez volontiers à celle qu’ont imaginée et dépeinte les artistes français de la fin du XVIIIe siècle » écrit Maurice Ravel dans son Esquisse autobiographique au sujet de Daphnis et Chloé. Mais ce ballet commandé par Serge de Diaghilev, sur un livret inspiré par un roman de Longus (fin du IIe -début du IIIe siècle), faillit tourner au cauchemar, comme le laissent deviner les dates de composition. En effet, peu d’œuvres de Ravel exigèrent une période de travail aussi longue. Amorcée en juin 1909, la composition est achevée en avril 1912 seulement. Lors de sa création, le 8 juin suivant, le public découvre aussi les décors et costumes de Léon Bakst, la chorégraphie de Michel Fokine avec, dans les deux rôles principaux, Vaslav Nijinski et Tamara Karsavina.
Des difficultés de nature diverse avaient entravé le travail des artistes. Aux problèmes de communication entre Fokine et Ravel (« Ce qui complique les choses, c’est que Fokine ne parle pas un mot de français et qu’en russe je ne sais que jurer. En dépit de la présence d’interprètes, vous pourrez imaginer la saveur de nos rencontres »), aux conflits opposant Nijinski et le chorégraphe, s’ajouta l’embarras des danseurs confrontés à une musique d’une grande complexité rythmique, en particulier lors de la Danse générale : dans cette bacchanale à cinq temps, ils tentèrent de se repérer en scandant le nom de leur directeur, « Ser-ge-Dia-ghi-lev » ! À l’issue de la création, le critique Willy exprime son enthousiasme : « La musique ne nous a pas encore livré ses plus précieux secrets et ses plus rares confidences.
Ravel est peut-être le musicien qui a poussé le plus loin l’étude de ses mystères : il revient du pays de l’inconnaissable, chargé d’incomparables trésors. » Si la chorégraphie de Fokine a disparu de l’affiche, la musique de Ravel triomphe toujours au concert, notamment sous la forme des deux suites d’orchestre que le compositeur a tirées de sa partition d’origine. La Suite n° 2 reprend à l’identique la troisième et dernière partie du ballet. Plus évocatrice que descriptive, la musique laisse à l’auditeur assez d’espace pour qu’il imagine une Antiquité onirique et se laisse envoûter par la magie sonore du Lever du jour, où la flûte d’un berger se mêle à l’éveil des oiseaux. Puis, dans la Pantomime, Daphnis et Chloé retracent les aventures de Pan et de la nymphe Syrinx.
Le dernier numéro fit l’objet de maints remaniements, car L’Oiseau de feu (1910) et Petrouchka (1911) de Stravinsky avaient entraîné une profonde remise en question. Sans ces ballets, Ravel n’aurait peut-être pas terminé su